L’Oeno Music Festival aurait fêté ses 3 ans cette année...
3 ans, c’est grosso modo le temps nécessaire pour qu’un festival fidélise un public et espère parvenir à l’équilibre.
3 ans, c’est le temps que s’était donné l’Oeno Music Festival pour atteindre sa maturité et s’installer durablement dans le paysage des festivals français. Mais il n’aura pas eu l’occasion de faire ses preuves…
Les défis qu’il restait à relever au sortir de la première édition étaient nombreux (optimisation de l’espace, relations presse, promotion du local, label éco-festival, etc.). L’équipe du festival a su en relever un certain nombre lors de la seconde édition.
Et il y en avait encore des idées pour améliorer la formule !
Une réflexion sur la période d’exploitation s’était engagée notamment. En effet, en 2015, le festival tombait juste avant un long week-end prolongé par le jour férié du 14 juillet, ce qui pouvait représenter un frein important en termes de fréquentation. L’idée envisagée était éventuellement de repositionner le festival un peu plus tôt, courant juin par exemple, pour éviter ce genre d’écueil et bénéficier de la présence tardive des étudiants.
Une réflexion était également engagée autour de la programmation : en maintenir la qualité tout en cherchant à s’ouvrir à un grand public, demandeur à la fois de têtes d’affiches mais aussi de belles découvertes.
Le projet artistique était en effet l’un des atouts majeurs de l’Oeno Music Festival. En 2 éditions, le festival aura proposé une programmation éclectique, réunissant des têtes d’affiches comme UB 40, Maceo Parker, La Rue Ketanou ou encore Tricky ; des projets émergents comme Caribbean Dandee, Bigflo&Oli, Biga*Ranx ou encore Cats on Trees ; tout en assurant la part belle à une scène présentant la richesse des nouveaux groupes régionaux. Rappelons ici que l’Oeno Music Festival est l’un des rares festivals à avoir mis ainsi en valeur une dizaine de groupes locaux par édition.
La faute à personne et à tout le monde. La situation économique, sociale, politique. Le manque de subventions, sans lesquelles un festival d’une telle ampleur ne peut être pérennisé.
La première édition de l’Oeno Music Festival a eu lieu les 11 et 12 juillet 2014. Avec près de 10 000 festivaliers, il a su immédiatement trouver son public et sa place à côté de l’ensemble des autres évènements culturels de Dijon.
La seconde édition, qui a eu lieu les 10 et 11 juillet 2015, a effectivement pâti d’une baisse de la fréquentation, causant en grande partie un déficit impossible à combler sans un soutien plus appuyé des collectivités.
Il faut savoir que l’association Nouna Prod a contribué à hauteur de 95% au financement du festival soit un peu plus d’1 million d’euros. L’apport des collectivités locales a donc été inférieur à 5% (précisons qu’en règle générale, les collectivités locales participent à hauteur de 15 à 18% au financement d’un festival).
En ces temps de difficultés économiques et de baisse par l’état des dotations aux collectivités locales, cela s’explique et peut s’entendre. C’est un constat, et non un jugement.
En revanche, il est clair que cette situation ne nous permet pas de bénéficier d’un soutien financier suffisant pour pouvoir continuer l’aventure.
Or, il ne faut pas oublier qu’un festival renforce l’attractivité des territoires où il est ancré.
- En termes économiques tout d’abord :
En effet, à l’heure du projet de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin et après le classement des Climats du Vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’existence de l’Oeno Music Festival avait, entre autres, pour objectif de favoriser la promotion des vins de notre terroir. C’était l’occasion pour Dijon et le Grand Dijon, au-delà des retombées économiques directes liées à la présence des festivaliers pendant deux jours, d’affirmer davantage son attractivité et son offre dans le domaine de l’oenotourisme.
On sait que les festivals ont un impact beaucoup plus important pour les économies locales : ils durent plusieurs jours, génèrent de l’hébergement et de la restauration, etc.
A titre d’exemple, l’Oeno Music Festival a employé :
- 250 artistes, techniciens et administrateurs, dont 8 personnes à l’organisation générale
- 2 stagiaires
- 1 contrat en alternance
- 200 intermittents du spectacle
- 1 graphiste
- 1 community manager
Autrement dit, 17 000 heures de travail sur 5 jours soit l’équivalent de 10 salariés employés à plein temps sur 1 an !
- Mais également des retombées en termes médiatiques :
Les 2 éditions du festival ont pu s’enorgueillir, au-delà du travail de qualité des médias locaux, de belles mises en avant dans plusieurs médias nationaux comme Télérama.fr qui, dans son édition du 4 juin 2015, nous classait parmi les meilleurs festivals rock de 2015 et titrait : « Un festival qui allie bonnes bouteilles […] et bons crus musicaux a forcément de la cuisse ».
D’ailleurs, ce que l’on retient au final c’est une réussite. Un succès d’estime largement remporté, l’alchimie vin et musique ayant largement opéré.
A vrai dire, ce communiqué annonçant la mort (encore une !) d’un festival est aussi et surtout un remerciement adressé à tous nos partenaires (privés, institutionnels, médias et bénévoles, producteurs et artistes) mais aussi au public, qui ont cru au projet et nous ont soutenu dès la première édition. Un clin d’œil tout particulier à toute l’équipe du Zénith de Dijon et à leur indéfectible engagement.
Un remerciement adressé également à tous les viticulteurs (plus d’une vingtaine à chaque édition !) qui ont joué le jeu et qui ont fait, lors de ces 2 éditions, le succès du Village des Vins.
Conscient des limites et des améliorations à apporter, l’Oeno Music Festival aurait mérité de vieillir sereinement, comme un bon vin… Une année sans ! Mais un festival qui ne demanderait qu’à renaître…